Via negativa

Dans son livre Antifragile, Nassim Nicholas Taleb présente le concept de via negativa : mieux vaut chercher ce qui peut être retiré, plutôt que ce qui peut être ajouté. Pour les problèmes de santé mineurs par exemple, il est plus prudent d’arrêter certaines choses (les aliments trop riches, la cigarette, etc.) que d’en introduire de nouvelles, comme les médicaments. En effet, ces derniers peuvent avoir des effets indésirables, alors qu’arrêter ce qui nuit améliore la santé sans conséquences négatives.

Pour chaque bénéfice, il faut considérer le risque associé. L’ajout, la via positiva, introduit systématiquement de la complexité, de l’imprévisible. L’ajout augmente le risque. Au contraire, la suppression simplifie, limite les effets secondaires, épure. La suppression diminue le risque.

Les grandes organisations comme l’administration gagnerait à passer un peu plus de temps sur cette voie négative. À réfléchir à ce qu’il faudrait supprimer. À simplifier. À refactoriser ce qui peut l’être, plutôt que de créer sans cesse de nouvelles structures ou de nouveaux règlements. Mais niveau communication, ce sont toujours les créations qui sont mises en avant, jamais les simplifications.

Ce concept s’applique également dans nos vies de tous les jours : plutôt que d’ajouter des choses censées nous rendre plus heureux, pourquoi ne pas nous concentrer sur la suppression de ce qui nous rend malheureux ?

« Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher. » (Antoine de Saint-Exupéry)