Quand s’arrête l’innovation ?

« La mauvaise nouvelle, c’est que vous êtes en train de tomber dans le vide, Il n’y a rien à quoi vous raccrocher, pas de parachute. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas de sol. » (Chögyam Trungpa)

Que ce soit au sein de l’incubateur de services numériques ou dans chacune de nos startups d’État, nous ressentons souvent cette impression de tomber sans parachute.

Au lancement de nos projets, nous partons avec une bonne compréhension des problèmes que nous souhaitons résoudre et une vision claire de ce qui pourrait exister dans un monde idéal. Cependant la manière d’y parvenir reste souvent floue. Nous construisons le plus rapidement possible des produits minimum viables pour vérifier que nos intuitions étaient les bonnes, afin de limiter les risques pris. Mais à chaque instant, de nouveaux problèmes jaillissent.

Comment recruter les bonnes personnes ? Où vont atterrir nos startups ? Comment concilier agilité et sécurité ? De quelle manière s’insérer dans l’organisation existante tout en gardant des espaces de liberté ? Dès que nous commençons à trouver les réponses à une des questions que nous nous posons, dix nouvelles surgissent. À chaque fois que nous pensons avoir compris, le sol se dérobe, la branche casse, nous perdons pied. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas de sol, pas d’endroit où tomber, pas de fond. Il restera toujours des choses à comprendre et à améliorer.

Les organisations, les cultures et les technologies ne sont jamais figées. Elles sont comme des organismes vivants, ou plutôt comme des espèces qui évoluent sans cesse, grâce à la mortalité des individus. Ce que nous apprenons est utile sur le moment, mais sert surtout à préparer le futur, afin que celles et ceux qui reprendront le flambeau après nous n’aient pas à commettre les mêmes erreurs.

L’innovation elle-même n’a pas de fin. C’est une manière de penser, où rien n’est jamais figé, plus qu’une méthode à utiliser temporairement, le temps de résoudre les problèmes actuels. Les équipes des entreprises technologiques ne se disent jamais que c’est bon, leur produit est parfait et il ne reste plus qu’à le mettre en maintenance et le confier à un prestataire. Pourquoi le ferions-nous ?

De notre côté, nous continuons de nous transformer sans cesse au sein de l’incubateur et des startups d’État, sans parachute certes, mais à quoi bon puisqu’il n’y a pas de sol.

Article publié à l’origine sur Medium.