Trouver un problème avant de chercher une solution

« On veut faire un projet basé sur de la blockchain. — Super ! Et vous essayez de résoudre quel problème ? — On n’est pas encore sûrs, mais on veut qu’il y ait de la blockchain. »

Certaines innovations deviennent en quelques années très connues du grand public. Tout le monde veut alors son projet basé sur telle ou telle technologie. C’est normal : il est plus simple de communiquer dessus car chacun sait de quoi il s’agit. Il est plus facile d’aller voir sa cheffe et d’obtenir un budget. Cela peut également refléter une décision stratégique prise à haut niveau : les organisations ont parfois peur de passer à côté de quelque chose que leurs concurrents pourraient avoir et d’être laissées sur le carreau.

Ce phénomène existe aussi bien dans les startups que dans les grands groupes, les administrations, ou les associations : il faut être le premier à faire de l’IA, de la réalité virtuelle, de l’IoT… Certes, il y a un effet fédérateur à utiliser des technologies de pointe. Cela inspire les équipes, facilite le recrutement, renvoie une image de modernité. Mais c’est mettre la charrue avant les bœufs. Avant de sélectionner une technologie, il est indispensable d’avoir une vision claire du problème que nous essayons de résoudre. Aucun bricoleur ne s’est jamais dit : « Je viens d’acheter cette perceuse dernier cri, comment vais-je pouvoir poser mon carrelage avec ? ».

Les projets innovants qui réussissent sont ceux qui utilisent la technologie comme un moyen et pas comme une fin. Ce sont ceux qui tentent de résoudre un problème, de diminuer un irritant, d’apporter de la valeur. Ce sont ceux où des designers vont sur le terrain écouter les humains qui vont utiliser le produit. Car la technologie est un esclave utile mais un maître dangereux.

Article publié à l’origine sur Medium.