Rester humain, même au travail

Le terme de dominant design signifie qu’à un instant et dans une culture donnés, il existe une représentation dominante d’un concept, un standard qui s’impose de lui-même. Au mot « voiture », vous associez sans doute une carcasse métallique posées sur quatre roues en caoutchouc et du gaz qui sort du pot d’échappement. Même si les voitures ont pendant longtemps été de grosses boîtes en bois tractées par des chevaux.

De la même manière, il existe un dominant design sur la manière dont nous sommes censés nous comporter au travail. Cette culture dominante, c’est mettre de côté tout ce qui nous rend humain. Éviter les contacts physiques, cacher nos émotions, remplir des tableaux de reporting. Ne pas dire de gros mots, se désinfecter les mains. Bref, retirer la vie.

Cette culture, c’est surtout celle des grosses structures, privés comme publiques. En effet, quand une entité dépasse une certaine taille, son souci majeur est d’optimiser ses processus, d’être de plus en plus productive et donc de moins en moins créative. L’industrialisation quoi.

Heureusement, la vie trouve toujours un chemin et des instants surgissent durant lesquels les gens osent être eux-mêmes. Une cheffe lance une blague au début d’une réunion très formelle, une bonne relation se crée avec un collègue et tout le monde finit par boire un coup ensemble. L’humain reprend le dessus.

Cette humanité a été pendant des millénaires le dominant design : les gens étaient les mêmes chez eux et au travail. Tout le monde se connaissait, se voyait, tout était artisanal et original. Aujourd’hui les grandes organisations savent qu’elles ont besoin de créativité et d’innovation. Mais cela ne se fera pas sans des espaces et des communautés où être soi-même va de soi. Jusqu’à ce que cette culture redevienne à nouveau la norme.

Article publié à l’origine sur Medium.