La fabministration : une administration qui fabrique
Dans la fonction publique, la majeure partie du développement informatique est sous-traitée. Il paraît que cela coûterait moins cher et que les données seraient mieux protégées. Je doute qu’Hertz ou la gendarmerie nationale soient de cet avis. Un autre argument qui revient souvent est que ce n’est pas notre cœur de métier de développer des logiciels. Quel est notre cœur de métier alors ? Passer des marchés et écrire des contrats ? La fonction publique serait-elle un cabinet d’avocat ? (no offence aux amis juristes, vous nous sauvez souvent la mise)
Sauf que le numérique n’est pas une fonction support. Est-ce que Facebook sous-traite le développement de ses applications ? Est-ce qu’Amazon considère qu’elle n’est qu’une entreprise de logistique ? Bien sûr que non. Les entreprises qui montent à l’heure actuelle sont celles qui mettent la technologie au cœur de leurs activités. Évidemment, c’est plus facile pour elles en étant nées à l’ère de l’écran et pas à l’ère du papier.
Le but n’est pas forcément de tout développer en interne. Ce n’est peut-être pas le rôle d’un état de créer sa messagerie ou son propre système d’exploitation from scratch (quoique). Mais développer ou adapter des logiciels open source réutilisables par tous semble être une bonne idée. Et cela ne peux se faire qu’en interne : j’attends toujours de voir du code public open source réalisé par un sous traitant.
Comme toutes les administrations ont des besoins similaires, le fait de développer des logiciels open source permet à chacune de réutiliser ce que font les autres. Une des applications réalisées dans notre incubateur, Civils de la Défense, est par exemple installable depuis notre dépôt public, ou disponible en SaaS pour les administrations qui préfèrent la simplicité.
Développer soi-même ses applications permet en outre de commencer petit, d’explorer, de faire des erreurs. Pas d’obligation d’écrire à l’avance toutes les fonctionnalités désirées dans un cahier des charges et de tout contractualiser.
Mais pour fabriquer des logiciels en interne, il faut des gens : profiter des forces présentes en interne, former celles et ceux qui veulent apprendre, voire recruter des personnes de l’extérieur. L’appui des départements RH est donc indispensable. Heureusement, ce métier là n’est pas sous traité !
4 septembre 2019Article publié à l’origine sur Medium.