Si vous n’avez pas honte, c’est sorti trop tard

« Real artists ship » (Steve Jobs)

Une idée popularisée dans le livre « Lean Startup » d’Eric Ries est que lors de la création de services numériques, il est indispensable de sortir les premières versions le plus tôt possible. Tellement tôt même que nous devrions en avoir un peu honte. C’est tout cela que sous-entend le terme « produit minimum viable », la notion de « minimum » étant évidemment variable selon le contexte et dépendante du degré de finition (ou plutôt de non-finition) que nos utilisateurs sont prêts à accepter.

Avoir honte n’est évidemment pas l’objectif recherché. Nous voulons seulement être capable de tester le plus rapidement possible et en conditions réelles les hypothèses que nous avons émises. Car plus tôt nous confrontons nos produits aux utilisateurs, plus le coût des changements est limité. Cela nous permet donc de faire des erreurs dont l’impact est limité et de pivoter rapidement.

Dans l’administration, ce n’est clairement pas la culture dominante (pour le moment 😉). La méthode classique est de recueillir les besoins exhaustivement, de développer sans rien oublier (lol) et de mettre en production le logiciel une fois que toutes les technologies ont changé et que les besoins ont évolué (moins lol).

Quand nous arrivons avec les premières versions de nos applications, développées en deux mois et dont seulement trois fonctionnalités marchent, il faut faire preuve de pédagogie. Nos utilisateurs ne sont pas habitués à ce genre de méthode et leur indulgence est assez limitée. Nous leur expliquons que le produit est en cours de développement, que tout est loin d’être parfait, mais que nous venons justement les voir pour construire avec eux le service idéal. À partir de là, le niveau d’indulgence augmente et la plupart les agents sont ravis de se savoir impliqués.

Un atelier avec les utilisateurs et une mise à jour de l’application ne sont bien sûr pas suffisants. Ce processus doit être continu tout au long de la vie du service numérique : nouvelle version, retour des utilisateurs, on rince et on recommence. Avec à chaque fois le sentiment que nous aurions pu attendre encore et mieux faire. Mais avec la certitude que le moment était parfait et que le mieux est l’ennemi du bien.

Article publié à l’origine sur Medium.