Et si nous faisions des startups d'État européennes ?

Je reviens d’un voyage de quelques jours en Lettonie où j’ai eu la chance de pouvoir parler de mes deux sujets préférés : l’innovation publique et les questions d’éthique liées aux algorithmes d’apprentissage automatique. Deux choses m’ont marqué par rapport à ces thèmes.

L’éthique des algorithmes est devenu un sujet grand public

L’institut français de Lettonie m’a invité à un fireside chat pour parler éthique et IA. Je me suis donc exprimé sur la connexion forte qui existe entre les deux sujets à travers la notion partagée d’objectif, sur les risques lorsque ces objectifs sont masqués et les pistes existantes pour tenter d’améliorer les choses.

J’ai été surpris par la taille et la diversité de l’audience : une cinquantaine de personnes (soit la capacité maximale de la salle) était présente un mercredi soir, pour écouter une conférence sur un sujet technique, qui n’était même pas pour certains dans leur langue natale. Des hommes et des femmes de vingt à quatre-vingts ans étaient là pour essayer d’en savoir plus sur des concepts dont ils sentent l’importance mais dont on n’entend parler que depuis récemment. Depuis nos premiers travaux en 2017, au sein de Data for Good ou d’AlgoTransparency, l’intérêt pour ces questions est croissant et cela fait plaisir au regard de leur importance.

L’innovation publique pourrait profiter à l’Europe

Pendant ce séjour, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec des représentants d’administrations locales. Grâce au séminaire que j’ai animé sur l’innovation publique, j’ai également pu partager avec des fonctionnaires du Kosovo, du Monténégro ou de Bosnie-Herzégovine. J’en tire un double constat. Premièrement, les administrations de tous ces pays ont les mêmes difficultés que les nôtres pour innover et créer des services publics numériques. Les administrations et leurs sous-ensembles fonctionnent en silo, les compétences internes sont rares et l’autonomie manque souvent cruellement. Pourtant comme en France, les citoyens réclament de plus en plus de fluidité et de facilité dans leurs relations avec l’État.

Les programmes comme Entrepreneur d’intérêt général et startups d’État semblaient radicaux et prometteurs à ceux à qui je les ai présentés, tout comme ils devaient semblé radicaux et prometteurs aux membres d’Etalab qui les ont ramenés des États-Unis. Avec tous les produits et services qui ont déjà été réalisés dans ces cadres, l’Europe ne serait-elle pas une bonne occasion de les faire passer à l’échelle et de commencer à construire des outils communs ? Chaque pays pourrait dès lors apporter son expertise (par exemple la France pour la codification de la loi ou la Lettonie pour la numérisation des ordonnances) et bénéficier de celle des autres. Quoi de mieux pour raviver le sentiment européen sinon que de construire un avenir numérique en commun, en ce lendemain des 30 ans de la chute du mur de Berlin ?