Ce que l’IA n'aura sans doute jamais
Suite à sa défaite de 2016 face au programme AlphaGo, le champion de go Lee Sedol a récemment décidé de prendre sa retraite.
Même si pour le chercheur Antonio Casilli « il n’y a pas d’IA, seulement le digital labor de quelqu’un d’autre », l’apprentissage automatique continue de faire des progrès.
D’autant plus que concernant les jeux, qu’il s’agisse du go ou de StarCraft, les algorithmes n’ont même plus besoin de données d’entraînement péniblement annotées par des humains pour apprendre. Ils jouent désormais les uns contre les autres pour progresser, ce qu’on appelle l’apprentissage par renforcement.
La retraite de Sedol est un signal faible qui laisse entrevoir un futur possible : un monde où les machines nous ont remplacé pour certaines tâches qu’elles réalisent mieux que nous. N’est-ce pas déjà ce qui s’est passé lors de la révolution industrielle où la force des machines à vapeur à supplanter la force animale ?
Si les algorithmes d’apprentissage automatique nous surpassent dans tout un tas de tâches répétitives, que nous restent-ils alors, à nous les humains, que les machines ne posséderont sans doute jamais ? L’émotion.
L’émotion nécessite en effet une connexion physique au monde et aucune intelligence artificielle ne pourra en ressentir sans enveloppe corporelle. Or c’est loin d’être une simple affaire, ne serait-ce que pour des raisons énergétiques. Un cerveau humain comme celui de Lee Sedol consomme 20 W, contre 20 000 W pour AlphaGo, alors que ce dernier ne sait réaliser qu’une seule tâche très limitée finalement.
Le scénario idéal dans un monde d’IA : les machines algorithmiques nous assistent au niveau cognitif, de la même manière que les machines thermiques décuplent notre force physique. Nous pouvons ainsi nous concentrer sur ce qui nous rend au fond humain : la connexion, l’empathie, la bienveillance…
Serons-nous capable de faire en sorte que ce soit ce scénario là qui se réalise ?
4 décembre 2019