« Intérêt général » is the new sexy
Il y a quelques semaines, je postais ce tweet pour recruter au sein de ma nouvelle équipe.
Grâce à la magie d’internet (et mes magnifiques emojis), des gens aux profils incroyables ont postulé, des candidats avec une expérience, une motivation et un talent rares. En demandant en entretien la raison pour laquelle ces personnes voulaient travailler au sein de la fonction publique, toutes m’ont répondu « je souhaite avoir plus d’impact » ou « je veux faire quelque chose d’utile ». En résumé, travailler dans l’intérêt général.
Etalab vient d’ailleurs de publier les résultats d’un sondage qui demandait aux geeks ce qui pouvaient les inciter à rejoindre la fonction publique. Résultat : 84 % des répondants veulent « servir l’intérêt général » et 59 % souhaitent « donner du sens à leur travail ». Certes, avec moins de 500 réponses, l’échantillon est faible et pas forcément représentatif.
Cependant cette tendance semble progresser parmi celles et ceux qui travaillent dans le numérique. Du fait de la croissance du secteur, ces experts deviennent plus recherchés et donc plus exigeants. Sans compter le fait que les membres de la génération Y ont maintenant entre 19 et 39 ans et sont connus pour leur quête de sens.
Au sein de Data for Good par exemple, plus de 1400 personnes ont déjà proposé de travailler bénévolement sur des projets numériques au service de l’intérêt général, alors que l’association n’existe que depuis 4 ans et ne fait aucune publicité.
Les startups ont bien compris ce phénomène et sont nombreuses à promettre que leur mission est de « créer un monde meilleur », comme l’a si bien parodié la série Silicon Valley. Or il est parfois difficile de comprendre comment optimiser le nombre de clics sur une publicité améliore le sort de l’espèce humaine.
Au contraire, l’objectif premier de l’État est de faire prévaloir l’intérêt général et les administrations remplissent toutes des missions de service public. Cette finalité change tout quand il s’agit de créer des produits numériques car le but est vraiment d’apporter le meilleur service possible aux utilisateurs.
Au sein de la fonction publique, les équipes des ressources humaines ne s’imaginent pas l’avantage déloyal qu’elles possèdent par rapport au secteur privé.
La transformation numérique est en effet une guerre des talents où il est indispensable de réussir à capter ces profils aux compétences encore rares. Voici donc quelques pistes pouvant être explorées par celles et ceux qui voudraient recruter des geeks d’intérêt général :
1/ Créer une marque employeur. Une marque employeur, c’est d’abord expliquer la mission de l’entité et définir sa raison d’être, plus qu’avoir une belle charte graphique. C’est raconter quelle est notre culture, et annoncer ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Quand beta.gouv.fr tweete pour recruter un développeur ou un designer, toute une communauté d’alliés partage l’information, parce qu’ils connaissent l’état d’esprit de la maison et s’y retrouvent.
2/ Proposer des salaires proches du marché. Les candidats qui souhaitent rentrer dans la fonction publique le font pour le sens. Une partie d’entre eux est même prête à diminuer ses revenus en échange d’une mission plus épanouissante. Mais recruter des experts coûte quand même cher, et les règles de l’administration sont parfois vieux jeu, liant par exemple la possession d’un diplôme à la rémunération. Les choses semblent néanmoins évoluer dans le bon sens, avec par exemple une nouvelle grille de salaires (même si elle oublie les designers).
3/ Impliquer les équipes finales. Si l’équipe qui va intégrer les nouvelles recrues participe à la rédaction des offres, aux entretiens, aux négociations, les candidats vont comprendre qu’ici il n’y a pas que de la bureaucratie et des formulaires à remplir. Il y a des tripes, du cœur, de l’humain quoi. Dans une société où tout s’industrialise, sentir que nous parlons à un congénère et pas à un robot est un sentiment inimitable mais de plus en plus rare. D’où l’importance des emojis 🤗
29 août 2019Article publié à l’origine sur Medium.