Ce que la crise de 2008 nous enseigne sur l’innovation

La crise financière de 2008 a coûté quelques milliers de milliards de dollars et fait perdre leurs maisons à des millions de familles états-uniennes. Selon le rapport de la “Financial crisis inquiry commission” cette situation a notamment été causée par des innovations financières, une trop grande prise de risque et un manque d’éthique.

Pour gagner plus d’argent, certaines banques américaines ont en effet trouvé des stratagèmes leur permettant de prêter beaucoup plus d’argent qu’elles n’en avaient. Tout un système néfaste s’est mis en place pour inciter des personnes, incapables de rembourser, à emprunter pour devenir propriétaire.

Grosso modo, des agents immobiliers surévaluent le prix des biens (pour augmenter leurs marges), des courtiers font la chasse aux emprunteurs en fermant les yeux sur leur capacité de remboursement (pour toucher leurs commissions) et les banques s’empressent de repackager les prêts (pour les revendre dans le monde entier), avec la complicité des agences de notation qui donnent les meilleures notes (la fameuse AAA) à ces produits financiers pourtant bien pourris. Et quand les défaillances des emprunteurs augmentent et que la valeur des biens commence à chuter, tout s’emballe…

En tant qu’innovateurs et innovatrices, il y a deux leçons que nous pouvons tirer de ces événements :

1/ Le problème majeur de tout ce système est l’asymétrie dont bénéficient tous ces preneurs de risques. Les institutions financières qui ont été renflouées ont pu verser des bonus d’un montant record. Le président de la réserve fédérale de l’époque a fini consultant au lieu de croupir en prison.

Pour tous ces acteurs, soit leurs paris marchent et ils emportent les gains, soit leur paris échouent… et ils empochent quand même des gains. Un système vertueux est basé sur la symétrie : de grands gains potentiels devraient aller de pair avec de grandes pertes potentielles. Car cette symétrie limite naturellement les risques que chacun est prêt à prendre (et donc à faire prendre à l’ensemble de la société).

2/ L’innovation en soi n’est pas forcément porteuse de progrès pour la société. Les instruments financiers utilisés dans cette histoire étaient tous très innovants : credit default swap, collaterized debt obligations, etc. Des termes qui sonnent compliqués et importants, mais dont les effets ont été ravageurs car ils ont amplifié les effets de la crise.

Pour innover dans l’intérêt général, il faut avoir une mission, dans le privé ou dans le public. Il faut vouloir résoudre les problèmes des autres et surtout ne pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas que l’on nous fasse. Encore une fois, la symétrie.

Article publié à l’origine sur Medium.